Une série d’illustrations féministes multi-techniques représentant la santé mentale et l’inner-self de 5 des personnages de l’Odyssée d’Homère dans le but de déconstruire, dans la lecture de cette œuvre, les schémas destructeurs patriarcaux et sexistes.

Athéna: est une déesse de la stratégie. Tout au long de la vie des personnages, elle intervient comme un ange pour essayer de leur sauver la vie et les jugeant en modifiant le cours de l’histoire. Le cadre en coton et le sol en sel rose sont comme des murs au sein des cieux qui évoquent l’isolement avec les autres dieux de son monde et de ceux qu’elle chérit et protège du monde d’en bas. Ses grandes ailes puissantes similaires au plumage de son animal symbole la chouette représentent son pouvoir prenant toute la place dans sa vie ne laissant que peu de place pour exister en tant que personne, ainsi sa silhouette au feutre noir est recroquevillé au sol.
Calypso: Le cadre en miroir représente les 1000 facettes de qui cette nymphe est ou pourrait être mais elle erre au centre d’un décor à l’acrylique très sombre comme perdue en proie au sentiment d’abandon et n’est personne. La brisure de la vitre est le résultat du départ d’Ulysse qui a brisé sa vie et son âme.


Ulysse: Un homme déchiré parti à la guerre contre son gré et forcé à quitter sa famille pendant des années. La linogravure bleue représente la mer déchaînée par les cieux, car le dieu des océans, Poséidon, le persécute. Les nuages sont eux aussi en bleu car Poséidon est un dieu du ciel et les malheurs qui s’abattent sur Ulysse viennent de toutes parts. La lune, mise en avant par des paillettes, est symbole de la nuit et des rêves, mais aussi des cauchemars comme la vie cauchemardesque qu’Ulysse a endurée. Malgré ce qui pourrait en faire flancher plus d'un, il est la figure ultime du héros de guerre représenté au feutre noir par l’homme de Vitruve de Vinci utilisé comme outil de mesure et référence. Il est entouré d’un fil de métal comme cercle vicieux ravageur qu’est le devoir d’être un héros masculin qui avec bravoure ne doit ni souffrir ni extérioriser ses émotions.
Pénélope: n’est que la femme d’Ulysse. Son corps en argile brisé et blessé de toutes parts de morceaux de miroir enfoncés jusqu’au sang montre d’abord la douleur mentale qui devient physique et ensuite la valeur d’objet qu’on lui accorde. Sa chevelure dorée est un symbole de beauté montrant qu’elle n’est qu’un objet désiré et convoité que pour celle-ci. Elle se doit d’être le symbole de la femme parfaite attendant sagement le retour de son mari durant des années en élevant seule son fils dans un environnement nocif, plein de prétendants au feutre blanc qui l’entourent et l’oppressent pour l’attraper comme une proie et tous prêts à faire de sa vie un enfer plus que ce qu’il ne l’est déjà, son fils. Ayant tellement peu de valeur émotionnelle à leurs yeux que le seul moyen de se faire entendre, et de protéger son fils, a été de tisser et de détisser une tapisserie toute sa vie malgré le chaos apparent et la pression imposée par son fils sur son rôle de mère et épouse modèle, ce que montre le métier à tisser auquel elle s’accroche avec une laine blanche qui sort de celui-ci et vient la protéger des prétendants.


Télémaque: fils d’Ulysse et Pénélope. Il grandit uniquement avec sa mère et voit son père lui être arraché très jeune. Il est traumatisé durant toute son enfance et adolescence. Il se construit entre deux figures emblématiques de l’époque, ses parents. Mais tous deux séparés, il doit composer avec l’éducation reçue de sa mère ainsi que les souvenirs et l’espoir de voir revenir son père, ce héros de guerre. La symétrie de l’œuvre montre le sentiment de division dû à la séparation de ses parents et les pièces de puzzle en papier miroir qui tentent soit de s’assembler soit de se déconstruire montrent son instabilité. Elle fait naître au berceau une grande colère non maîtrisée et grandissante en lui, représentée par le brasier de flammes de plus en plus chaudes en craies grasses. Télémaque, archer hors pair comme son père Ulysse, est en feutre blanc s’opposant à lui-même, car il endosse deux rôles : aimer sa mère comme un fils et la protéger comme le seul homme de la famille contre les prétendants voulant prendre la place de son père.